Infrastructures de soustraction
Référence[modifier]
Communs négatifs et féralité[modifier]
Les communs négatifs entre féralité et remantèlement Yves Citton Dans Multitudes 2023/4 (n° 93), pages 91 à 99 Éditions Association Multitudes ISSN 0292-0107
" La notion de féralité esquisse un pont suggestif entre les anciennes critiques du « capitalisme sauvage » et les dénonciations plus récentes d’une toxicité propre à la colonisation/
modernisation/occidentalisation techno-scientifique. Prenant en diagonale l’opposition
entre nature (sauvage) et culture (civilisée), la féralité permet de repérer et d’analyser des
dynamiques écocidaires dans lesquelles les infrastructures techniques mises en place par
une certaine civilisation déclenchent des proliférations à la fois artificielles (puisque causées par ces infrastructures) et naturelles (puisque spontanées, non-designed) transformant
dramatiquement nos environnements, au point de les rendre inhabitables pour les espèces
(humaines et autres qu’humaines) qui y subsistaient. Les études menées en termes de féralité aident donc à comprendre les causalités croisées (voire enchevêtrées) à travers lesquelles
les infrastructures qui nous nourrissent pourrissent nos habitats
[...]
On ne saurait choisir simpl(ist)ement entre le progrès technique et le retour à la nature, entre l’industrie et la ZAD: tout le problème consiste à discriminer finement – au sein des artifices industriels comme au sein des spontanéités naturelles – entre ce dont nous avons besoin pour nourrir des formes de vie que nous chérissons et ce que nous devons respecter pour endiguer le pourrissement de nos milieux de vie.
[...]
Quelle que soit la colère qui puisse nous animer, le démantèlement d’une centrale nucléaire (comme le sauvetage de banques too big to fail) doit faire l’objet de soins attentionnés (sinon amoureux) – parce qu’une brutalité supplémentaire ne ferait qu’exacerber la féralité. L’écologie du démantèlement demande donc un travail de curation. Ceci est à entendre au triple sens d’un curetage des écuries d’Augias héritées du capitalisme extractiviste, d’un traitement curatif qui doit veiller à ne pas tuer le patient en éradiquant la maladie, et d’une attention artistique envers une opération toujours singulière, hasardeuse et créative. Le plus important est toutefois à situer dans un quatrième sens de la curation, celui d’une curatelle qu’il faut imposer par tous les moyens nécessaires aux facteurs identifiés (grâce au repérage des tippers) comme responsables des effets de féralité.
Une écologie du démantèlement a donc besoin de mettre en place ce que l’on
pourrait appeler des infrastructures de soustraction. Puisqu’il ne suffit pas de cadenasser les
réacteurs ou de pendre les traders pour se débarrasser de la féralité des centrales nucléaires
et de la finance, et puisque ces communs négatifs nous nourrissent en même temps qu’ils
pourrissent nos milieux de vie, la curation à visée de démantèlement implique la construction d’infrastructures originales, destinées à assurer la soustraction (aussi indolore que possible) des facteurs de féralité. Tout un appareillage de contournements, de court-circuitages,
de perfusions, de substitution, de re-médiation demande encore largement à être imaginé,
inventé, bricolé, expérimenté, implémenté.
[...]
En nous enjoignant à « re-specter » notre environnement – c’est-à-dire à y regarder (-spectare) à deux fois (re-) avant de songer à l’instrumentaliser – une écologie du remantèlement se donne pour tâche de tisser (et parfois de ravauder) le manteau doublement protecteur dont dépendent nos existences exposées à la fois à la féralité de nos infrastructures devenues des communs négatifs et aux difficultés causées par le nécessaire démantèlement de ces infrastructures qui ne nourrissent notre présent qu’en hypothéquant l’avenir. Parce qu’il s’agit d’infrastructures (et non seulement de comportements individuels), parce que ces infrastructures relèvent désormais souvent d’échelles continentales, et parce que nous ne pouvons que sentir la disproportion paralysante entre nos puissances d’agir individuelles et les défis planétaires, il n’y a pas à s’étonner que nos subjectivités se trouvent assaillies par «des angoisses de néantisation». "
Tippers: Modes of Infrastructure-Mediated State Change https://feralatlas.supdigital.org/index?text=tippers-modes-of-infrastructure-mediated-state-change&ttype=essay&cd=true
Féralité, hybridation et mid-tech[modifier]
Issue de L'inexploré de Baptiste Morizot (page 312) «Est dite férale ici tout forme de vie [...] qui, bien que transformée par son contact avec l'activité technique humaine, reprend la main, c'est-à-dire impose au cours du devenir des dynamiques qui sont induites par sa puissance éco-étho-évolutionnaire propre, et non par les stricts desiderata ou effets des activités humaines qui l'infléchissent » C'est du Morizot, il faut le lire trois fois pour comprendre, mais est-ce que ça ne dirait pas quelque chose aussi du mouvement low-tech ?
Quand Donna Haraway rencontre Lynn Margulis
Héritages symbiotiques et métamorphoses sympoïétiques
Nathalie Grandjean
Dans Multitudes 2023/4 (n° 93), pages 192 à 196
ÉditionsAssociation Multitudes
ISSN 0292-0107
DOI10.3917/mult.093.0192
"Donna Haraway définit la sympoïèse
comme un making-with, un « faire/fabriquer/
construire-avec12 », qui relate l’attachement
multiple et enchevêtré qui présuppose que rien
n’émerge seul ou ne se fait tout seul:
« “Sympoïèse” est un mot simple. Il signifie
“construire-avec”, “fabriquer-avec”, “réaliser-avec”. Rien ne se fait tout seul. Rien n’est
vraiment autopoïétique ou auto-organisé.
[…] La sympoïèse est un mot propre aux
systèmes complexes, dynamiques, réactifs,
situés et historiques. Il s’agit d’un mot qui
désigne le fait d’être dans le monde, avec,
en compagnie. La sympoïèse englobe
l’autopoïèse et, de manière générative, la
déploie et l’étend13. »"
"Les relations sympoïétiques sont des relations d’ingestion, de digestion, de repli, d’attraction, d’interpénétration et de recombinaisons corporelles que nous pouvons aussi appeler agencements sympoïétiques, autre mot désignant ce que Lynn Margulis appelle des holobiontes, entités vivantes inter-agissant et intra-agissant dans des « nœuds polytemporels et polyspatiaux » à chaque fois renouvelés et inattendus. "
Voir Damasio et André Leroy-Gourhan
Chimère
Le geste et la parole, technique et langage, André Leroy-Gourhan, 1964[modifier]
p300 "l'échange entre technique et langage apparaît avec netteté. L'outil quitte précocement la main humaine pour donner la naissance à la machine : en dernière étape, parole et vision subissent, grâce au développement des techniques, un processus identique. Le langage qui avait quitté l'homme dans les œuvres de sa main par l'art et l'écriture marque son ultime séparation en confiant à la cire, à la pellicule, à la bande magnétique les fonctions intimes de la phonation et de la vision."
Hybride, cyborg, dualité[modifier]
Débrayage
Maronnage[modifier]
CITTON Yves, RASMI Jacopo, « Le Plantationocène dans la perspective des undercommons », Multitudes, 2019/3 (n° 76), p. 76-84. DOI : 10.3917/mult.076.0076. URL : https://www-cairn-info.srvext.uco.fr/revue-multitudes-2019-3-page-76.htm
"Le fugitive planning dont se réclament Harney & Moten présuppose un constant va-et-vient entre des établissements institutionnels, qui restent debout, même affaiblis, et des zones de marronnage, dont la dynamique est indissociable de ce dont elles travaillent les marges."
"trois devenirs :
- 1° Un devenir-nègre, bien décrit par Achille Mbembe (2013) comme une condition humaine appelée à être partagée à l’âge de l’effondrement plantationocène ; à sa face de souffrance et de traumatisme, il convient bien entendu d’ajouter la face de créativité, de vitalité, de liberté maronnes qui a si richement irrigué les cultures populaires du xxe siècle (musique, littérature, philosophie).
- 2° Un devenir-sorcière, dont se réclame un certain courant californien de l’écoféminisme, pour revendiquer une participation chamanique, spirituelle et corporelle, aux enchevêtrements relationnels qui nous constituent.
- 3° Un devenir-queer, qui prône une attitude indissociablement accueillante et inquiétante envers la sur-naturalité des créolisations générées par le jeu des enchevêtrements de désirs et de matières hétérogènes."
Sympoïétiques[modifier]
A. Bidet et C. Gayet-Viaud (dir.), L’engagement comme expérience, Paris, EHESS, Raisons pratiques, 31, 2023. 5 V. Rigoulet et A. Bidet, Vivre sans produire. L’insoutenable légèreté des penseurs du vivant, Paris, Le Croquant, 2023.
"Les relations sympoïétiques sont des relations d’ingestion, de digestion, de repli, d’attraction, d’interpénétration et de recombinaisons corporelles que nous pouvons aussi appeler agencements sympoïétiques, autre mot désignant ce que Lynn Margulis appelle des holobiontes, entités vivantes inter-agissant et intra-agissant dans des « nœuds polytemporels et polyspatiaux15 » à chaque fois renouvelés et inattendus. "
Liquidation[modifier]
Les « communs négatifs » et se démettre en commun Accueillirla fin de mondes auxquels apprendre à désappartenir Joan Stavo-Debauge Dans Multitudes 2023/4 (n° 93), pages 101 à 106 ÉditionsAssociation Multitudes ISSN 0292-0107 DOI10.3917/mult.093.0101
"Nos vies sont nouées à de l’artificialité, il n’est ni question ni possible de revenir
en-deçà de l’artificialité, mais il s’agit de passer l’ensemble de nos artifices et appareils au
crible de l’écologie, d’admettre que certains d’entre eux sont essentiellement dommageables
et qu’il convient donc d’accueillir convenablement leur fin, pas seulement en en faisant le
«deuil » mais en accompagnant leur démise et en gérant les répercussions de leur « liquidation». "
Technofossiles[modifier]
https://courier.unesco.org/fr/articles/lexique-de-lanthropocene
"Les fossiles sont des restes minéralisés d'individus ayant vécu dans le passé. Par analogie, les technofossiles sont les restes des objets technologiques."
Membrane et espace seuil[modifier]
https://affordance.framasoft.org/2024/06/should-i-stay-or-should-i-go/
Cyb cog, le cybernétique et cognition[modifier]
Un humain transformé dans ses capacités coginitives
Référence[modifier]
Marius Bertolucci, l'homme diminué par l'IA
Voir aussi[modifier]
Neurolink de Elon Musk
Asma Mhalla